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par | 12 décembre 2023

Répartition des richesses et des revenus en France : l’impact de la Sécurité économique et sociale

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Si la France apparaît comme un des pays au monde dans lequel les inégalités sont particulièrement réduites, il n’en reste pas moins que les nouveaux défis géopolitiques et écologiques imposent d’approfondir la réduction de celles-ci. Si la redistribution élargie est un élément clé dans la réduction des inégalités, il convient aujourd’hui de lui adjoindre un nouveau dispositif qui travaillera prioritairement sur les inégalités de statuts et qui approfondira la réduction des inégalités de revenus.

Égalitaire la France ? Assurément, notre pays est l’un des plus redistributifs au monde et l’on pourrait croire que la répartition des richesses fonctionne parfaitement. Et pourtant, les inégalités s’y creusent comme partout. Est-il normal que la rémunération des patrons des entreprises du CAC40 ait progressé de 52 % en 2021, et atteint son plus haut niveau à 7,9 millions d’euros, soit 369 fois le Smic[ref]https://www.planetegrandesecoles.com/salaire-cac40-2021-bonus-record[/ref] ?

Alors qu’à l’autre bout de l’échelle sociale, de nombreuses personnes peinent à boucler les fins de mois et s’en remettent à des organisations caritatives pour pouvoir s’alimenter. Cette situation résulte de l’insuffisance d’emplois proposés et de la mauvaise rémunération des emplois à temps partiels parcellisés mais aussi, désormais, de bon nombre d’emplois à temps plein, notamment chez les indépendants. Inégalitaire la France ? Assurément. Et pourtant, elle apparaît comme un des pays les moins inégalitaires au Monde.

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Inégalités et redistribution élargie

Le coefficient de Gini

Le coefficient de Gini est un indice variant de 0 à 1 qui synthétise les inégalités de revenus entre les individus dans une société donnée. L’indice 0 correspond à l’égalité absolue dans laquelle chaque individu recevrait le même niveau de revenu. L’indice 1 correspond à l’inégalité absolue dans laquelle un individu recevrait la totalité des revenus, les autres individus ne recevant rien.

En 2022, ce coefficient était de :
0,298 pour la France
alors qu’il s’établissait à 0,335 pour le Royaume-Uni,
0,371 pour la Chine,
0,397 pour les Etats-Unis,
0,529 pour le Brésil
et même 0,63 pour l’Afrique du Sud[ref]https://fr.countryeconomy.com/demographie/indice-gini[/ref].

Avec un coefficient de Gini variant de 0,212 (Slovaquie) à 0,384 (Bulgarie), l’Union européenne apparaît comme la région au monde la plus égalitaire. Au sein de celle-ci, la France apparaît comme étant dans la moyenne basse, 16 pays ayant un coefficient inférieur alors que 10 pays ont un coefficient supérieur.

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L’impact de la redistribution élargie des richesses

On appelle redistribution élargie l’ensemble des transferts publics composés d’impôts, de taxes et de cotisations sociales qui sont reversés en revenus monétaires, d’une part, et en bénéfices d’accès aux services publics, d’autre part.

Une récente étude de l’INSEE[ref]Mathias André, Jean-Marc Germain & Michaël Sicsic, « La redistribution élargie, incluant l’ensemble des transferts monétaires et les services publics, améliore le niveau de vie de 57 % des personnes », Insee Analyses n°88, Septembre 2023.[/ref] nous montre que, sans cette redistribution élargie, notre indice de Gini serait de 0,441 au lieu de 0,298, ce qui ferait de la France une société très inégalitaire. Selon cette étude, cette redistribution élargie des richesses améliore le niveau de vie de 57 % des français. Cette répartition des richesses diminue donc de façon significative les revenus des ménages riches.

Si on réfère aux ménages aisés qui représentent 10 % de la population, ils disposent en moyenne de 127 000 euros par unité de consommation[ref]Les instituts statistiques de l’OCDE attribue une unité de consommation (UC) pour le premier adulte d’un ménage, 0,5 UC pour les personnes suivantes de 14 ans et plus et 0,3 UC aux enfants de moins de 14 ans.[/ref] avant redistribution et de 78 480 euros après.

À l’autre extrémité, les 10 % des ménages les plus pauvres disposent de 6 980 euros avant redistribution contre 25 330 euros après. Dit autrement, les ménages aisés ont un revenu 18 fois plus élevé que celui des ménages pauvres avant redistribution (soit un énorme écart de richesse), contre 3 à 1 après.

“ Sans cette redistribution élargie, notre indice de Gini serait de 0,441 au lieu de 0,298, ce qui ferait de la France une société très inégalitaire”

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Répartition des richesses : la nécessité d’une nouvelle réduction des inégalités

Si ces transferts sont très importants, il convient de revenir à notre constat de départ qui est celui d’une société inégalitaire, excluante pour les moins favorisés et donc globalement peu heureuse.

Sur ces dernières années, la demande en aide alimentaire a augmenté : +22 % en 2022 par rapport à 2021 selon la Croix-Rouge. La faute à la guerre en Ukraine qui a provoqué une flambée des prix de l’énergie qui s’est ensuite transmise à l’alimentation. La transition écologique, si elle est menée conséquemment, aura des effets sur l’emploi et les rémunérations. Elle aboutira à la fermeture d’activités polluantes et la disparition d’emplois existants sans aucune garantie que les nouveaux emplois seront en nombre équivalent et aussi bien rémunérés. Il est aussi probable que de nouvelles méthodes de production et de recyclage induisent un ralentissement de la productivité néfaste aux revenus. Dès lors, il sera nécessaire d’augmenter les transferts : prendre encore plus aux riches pour le redistribuer aux moins bien lotis. Mais est-il raisonnable de tabler sur encore plus de redistribution fiscale ou sociale lorsque l’on voit que les revenus des 10 % les plus riches sont déjà rabotés de 40 % ?

Savoir repenser la réduction des inégalités

C’est ici qu’il faut radicalement innover pour repenser la réduction des inégalités. Elles doivent autant être pensées en termes de revenus que de statut par rapport au travail. Le chômage de longue durée ou les statuts précaires quant à l’emploi doivent être définitivement bannis de nos économies. Ils génèrent trop de rancœurs, de sentiment d’exclusion et d’inutilité.

La lutte contre les inégalités consiste à se battre sur un terrain prioritaire : l’accès de toutes et de tous à un emploi choisi qui rémunère correctement le travail. C’est ici que la Sécurité économique et sociale est capable de changer la donne.

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La Sécurité économique et sociale réduit les inégalités de statuts et de revenus

Le principe de base de la Sécurité économique et sociale est le versement à toute entreprise, indépendants compris, d’une allocation fixe, mensuelle pour tout emploi en équivalent temps plein. Cette allocation est financée par les entreprises elles-mêmes par une contribution d’un pourcentage de la richesse qu’elles produisent. La Sécurité économique et sociale revient à mutualiser une partie de la richesse produite par l’économie privée pour la redistribuer de façon égalitaire entre les entreprises en fonction du nombre d’emplois.

La solution pour un revenu inconditionnel pour chacun

Le niveau de cette allocation sera l’objet d’un débat politique mais, placée à un niveau significatif, elle permet de fournir à chaque personne au travail un socle de revenu inconditionnel qui permet de rémunérer correctement tout le monde. Cette allocation réduit pour l’entreprise le ticket d’entrée dans l’emploi en sécurisant le risque associé à ce dernier. Il est donc probable que de nombreux emplois seront alors proposés, ce qui permettra, non seulement, de réduire le chômage de longue durée mais aussi de permettre aux individus de choisir réellement leur poste de travail en fonction de leurs aspirations en termes de sens, de conditions de travail et de rémunération.

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La solution pour la réduction des inégalités

La Sécurité économique et sociale intègre ainsi dans sa proposition la réduction des inégalités de revenus. Parce qu’elle met hors marché une partie de la production privée pour la répartir de façon égalitaire entre celles et ceux qui y ont participé, les inégalités sont dès lors cantonnées à la partie non mutualisée de l’économie. La distribution primaire des revenus, composée de salaires, dividendes, intérêts et revenus mixtes (indépendants) sera infiniment plus égalitaire dans la mesure où tout le monde pourra accéder à un emploi et qu’une partie du revenu est d’office garantie pour celles et ceux qui travaillent, salariés comme indépendants.

Il s’agit ici d’une approche totalement nouvelle qui vise à intervenir directement sur le marché pour aboutir à une formation primaire des revenus plus égalitaire. Quoi de plus ridicule en effet que de laisser se former des salaires délirants pour les milliardaires et des dividendes exorbitants pour tenter ensuite de reprendre par une fiscalité qui sera toujours vouée à être contestée ? Pourquoi ne pas commencer par réduire les inégalités à la source, lors de la formation primaire des revenus ? C’est à cette condition qu’il sera possible de réduire les inégalités au-delà de ce que produit déjà la redistribution élargie afin de permettre à nos sociétés d’affronter sereinement les défis écologiques et géopolitiques qui se posent déjà à elles.

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Photo de Steve Leisher sur Unsplash

À propos de l'auteur / autrice

Ancien entrepreneur. Co-fondateur de la société Esker en 1985 qu’il a quitté au début des années 2000 au moment où elle employait déjà plus de 300 personnes. Cette expérience professionnelle lui a permis de comprendre la comptabilité et la finance qu’il associera ensuite à l’étude de la macro-économie. Cette triple compétence lui a permis de développer les tutoriels du site www.economie.org. Auteur de Travailler autrement : les coopératives aux Éditions du Détour (2017) et de Au-delà de la propriété, Pour une économie des communs à La Découverte (2018), il a poursuivi sa réflexion dans le cadre de l'élaboration de la Sécurité économique et sociale.

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