Accueil » Défaillances d’entreprises en France : comment évoluent les chiffres ?

par | 5 septembre 2024

Défaillances d’entreprises en France : comment évoluent les chiffres ?

separateur

Mois après mois, la tendance se confirme : le nombre d’entreprises en difficulté en France est en pleine recrudescence.

Alors que les aides gouvernementales avaient permis de maintenir les entreprises à flot pendant la crise du Covid-19, l’Hexagone a franchi, en 2024, le seuil des 60 000 défaillances annuelles. Un chiffre alarmant, qui tutoie les taux historiques les plus élevés.

Dans cet article, nous faisons le point sur l’évolution du nombre de défaillances, explorons leurs causes ainsi que les perspectives et solutions qui se dessinent pour l’avenir.

→ À savoir : on parle de « défaillance » quand une entreprise engage une procédure collective car elle n’est plus en mesure d’honorer ses engagements financiers (payer ses dettes, ses fournisseurs, son personnel…). Il peut s’agir de la mise en œuvre d’une procédure de sauvegarde ; de l’adoption d’un plan de redressement pour assurer la continuité des opérations ; ou d’une liquidation judiciaire, qui marque la cessation de l’activité.

Besoin de savoir ce que la loi SES va changer pour vous ?

Faites une simulation de ce que coûtera et rapportera la SES à votre entreprise en fonction de ses encaissements et de ses décaissements.

Besoin de savoir ce que la loi SES va changer pour vous ?

Faites une simulation de ce que coûtera et rapportera la SES à votre entreprise en fonction de ses encaissements et de ses décaissements.

Défaillances d’entreprises françaises : quels sont les chiffres en 2024 ?

Selon les dernières données publiées par la Banque de France, fin juillet 2024, le nombre provisoire de défaillances d’entreprises cumulé sur les douze derniers mois avait atteint 63 095. Cela représente une augmentation considérable de + 25 % par rapport à l’été 2023 et de + 21,3 % par rapport à 2019, dernière année de référence avant la crise sanitaire.

L’évolution des défaillances d’entreprises en France

En 2019, avant la crise sanitaire, la France enregistrait plus de 52 000 défaillances : le niveau le plus bas depuis 10 ans (Source : Altares).

En janvier 2020, la pandémie apparaît. Les confinements, les restrictions de déplacements et les perturbations dans la chaîne d’approvisionnement impactent massivement l’activité de nombreuses entreprises dans une multitude de secteurs. Lors du premier confinement, 73 % des sociétés françaises déclarent une baisse de leurs ventes supérieure à 10 %, et 35 % déclarent une baisse supérieure à 50 % (Source : Insee).

S'abonner à la newsletter

S'abonner à la newsletter

Pour faire face à cette soudaine chute de l’activité économique, les pouvoirs publics mettent en place une série de mesures exceptionnelles en soutien aux entreprises : PGE (prêt garanti par l’État) ; report des échéances sociales ; moratoires sur les faillites ; fonds de solidarité… Ces différents dispositifs, adoptés par 4 sociétés sur 5, permettent de maintenir les sociétés à flot et de contenir le taux de sinistres. En octobre 2021, le nombre de défaillances a même chuté à 27 222, un niveau encore jamais atteint (Source : Insee).

Après cette période d’accalmie, à mesure que les dispositifs de soutien étatiques ont été progressivement retirés au cours de l’année 2022, le nombre de procédures collectives a commencé à augmenter de façon significative.

En 2023, les défaillances ont dépassé le seuil des 50 000, soit un retour aux taux d’avant Covid.

En 2024, cette tendance haussière s’est poursuivie. Fin avril 2024, le nombre de défauts cumulé sur 12 mois a atteint la barre symbolique des 60 000. Puis, fin juillet 2024, la Banque de France estimait le nombre de défaillances provisoire à 63 095 (contre 62 015 fin juin). Ce chiffre dépasse de 6,3 % la moyenne d’avant crise sanitaire (59 342 défaillances annuelles sur la période 2010-2019).

Voici un tableau récapitulatif du cumul glissant des défaillances d’entreprises sur ces 12 derniers mois (Source : Insee) :

AnnéeMoisNombre de défaillances
2024Juillet63 095
2024Juin62 015
2024Mai61 228
2024Avril60 425
2024Mars59 330
2024Février58 774
2024Janvier57 361
2023Décembre56 312
2023Novembre54 967
2023Octobre53 429
2023Septembre51 771
2023Août50 817
2023Juillet 50 400

Selon une étude menée par le cabinet Altares, au 2ème trimestre 2024, 16 371 entreprises ont fait défaut, ce qui représente une hausse de + 23,4 % par rapport au 2ème trimestre 2023, chiffré à 13 266 défaillances. Par ailleurs, 2,5 % de ces défaillances concernaient des procédures de sauvegarde ; 29,4 % des redressements judiciaires et 68 % des liquidations judiciaires directes.

Le seuil des 16 000 défaillances par trimestre n’avait pas été atteint depuis les 2èmes trimestres de 2009 (crise des subprimes) et de 2013 (crise des dettes souveraines en Europe).

D’après cette même étude, 69 500 emplois étaient menacés au T2 2024, soit une augmentation de +24,8 % par rapport au même trimestre de l’année précédente. Sur l’ensemble de l’année 2024, un total de 264 000 emplois seraient menacés, soit +40 % par rapport à 2019 (Source : Observatoire BPCE).

Des secteurs plus touchés que d’autres

Tous les secteurs sont globalement concernés par la hausse des faillites, mais, comme le démontrent les chiffres de la Banque de France, certaines filières sont plus en berne que d’autres.

En juillet 2024, les secteurs les plus touchés par les défaillances sont :

  • La construction : 22 % (13 915 défaillances, soit une hausse de +35,6 % par rapport à juillet 2023) ;
  • Le commerce et la réparation automobile : 21,3 % (13 452 défaillances, soit +22,3 % par rapport à juillet 2023) ;
  • L’hébergement et la restauration : 13,2 % (8 361 défaillances, soit +19,5 % par rapport à juillet 2023) ;
  • Les conseils et services aux entreprises : 11,7 % (7 398 défaillances, soit + 28,3 % par rapport à juillet 2023).

Les activités immobilières connaissent quant à elles une hausse spectaculaire de 48 % des procédures collectives sur un an glissant (soit 2 458 entreprises). De même, les secteurs des transports et de l’entreposage ont subi une augmentation de 37,3 % des défaillances. En effet, ces filières sont, sans surprise, particulièrement affectées par la hausse du coût des matières premières et la crise de l’énergie.

En outre, selon les données de la Banque de France, les PME, et notamment les micro-entreprises, sont les plus touchées avec 57 768 défaillances sur 12 mois, soit un bond de + 24, 3% par rapport à l’année précédente.

Les ETI et les grandes entreprises ne sont pas non plus épargnées. Le nombre de ces structures ayant fait défaut en 2024 était de + 81,8 % supérieur à la moyenne enregistrée entre 2010 et 2019. Pour les moyennes entreprises, on constate une hausse de près de moitié par rapport à la même période entre 2010 et 2019.

Parmi les grandes entreprises de plus de 30M€ ou de plus de 250 salariés en situation de défaillances en 2024 figurent de grandes enseignes telles que Réside Etudes Seniors, SFAM, The Body Shop, Provost Frères, André Roux, Caddie, Duralex…

Soutenez l'association et ses idées

Vous souhaitez donner de l'impact et de la voix au projet de loi SES ? Découvrez comment nous aider, du simple coup de pousse à l'adhésion à l'association.

Soutenez l'association et ses idées

Vous souhaitez donner de l'impact et de la voix au projet de loi SES ? Découvrez comment nous aider, du simple coup de pousse à l'adhésion à l'association.

Défaillances d’entreprises : quelles sont les causes ?

Les difficultés rencontrées par les sociétés françaises sont le résultat d’une multitude de facteurs, tels que :

  • L’arrêt des aides publiques mises en place pendant la crise sanitaire et l’arrivée à échéance des prêts garantis par l’État. Beaucoup d’entreprises ne parviennent pas à dégager des résultats suffisants pour rembourser leur PGE et honorer leurs dettes contractées pendant le Covid-19 ;
  • La hausse des coûts de production : l’augmentation des prix de l’énergie et des matières premières impacte de nombreuses sociétés, notamment dans la construction, l’immobilier et l’industrie manufacturière ;
  • Le durcissement des conditions de financement et notamment la hausse des taux d’intérêt, qui freine l’investissement ;
  • Une croissance économique encore lente, avec un PIB à + 0,2 % au 1er trimestre 2024. Selon les projections de la Banque de France, la croissance du PIB restera ralentie en 2024 avec une progression à +0,8 % d’ici la fin de l’année. Si une reprise plus dynamique est envisagée en 2025, une certaine incertitude économique demeure toutefois, notamment compte tenu de la conjoncture politique instable depuis la dissolution de l’Assemblée nationale ;
  • Une trésorerie sous tension : beaucoup de structures rencontrent des difficultés à répercuter la hausse des coûts d’approvisionnement et des frais de personnel dans leurs prix ;

Pour les entreprises les plus fragilisées et les plus endettées, la somme de ces différents facteurs internes et externes porte un véritable coup de grâce, qui se traduit par une vague déferlante de défaillances et notamment des liquidations judiciaires massives.

Quelles perspectives pour l’avenir ?

Malgré une hausse certaine du taux de sinistralité d’une année sur l’autre, la Banque de France observe, en rythme annuel, une légère baisse de la progression du nombre de procédures collectives cumulé sur les douze derniers mois (+25,2 % en juillet 2024 ; +25,6 % en juin 2024 ; 26,7 % en mai 2024…).

Cette tendance pourrait laisser présager un début de stabilisation, voire de ralentissement dans les mois à venir, mais cela reste encore très incertain. En effet, le groupe BPCE table sur 65 000 défaillances d’entreprises d’ici fin 2024, ce qui marquerait un record historique. Face à de telles prévisions, il semble encore difficile d’envisager une franche amélioration à court terme.

S'abonner à la newsletter

S'abonner à la newsletter

La Sécurité économique et sociale : quels avantages face à la recrudescence des défaillances d’entreprises ?

La Sécurité économique et sociale (SES) propose d’extraire une partie de la richesse produite par les entreprises pour la redistribuer, équitablement, à tous les acteurs économiques (travailleurs indépendants, micro-entreprises, PME, ETI, grandes entreprises… ) sous la forme d’une allocation mensuelle, fixe et unique par emploi en équivalent temps plein.

Cette allocation emploi a donc vocation à être financée par les sociétés elles-mêmes, en fonction d’un pourcentage fixé au prorata de leur flux de trésorerie d’activité, schématiquement leurs encaissements de factures et de subventions moins les paiements de factures et d’impôts.

Face à la recrudescence des défaillances d’entreprises, la SES émerge comme un dispositif très avantageux pour :

Favoriser la solidarité inter-entreprises

La SES propose un dispositif inédit, basé sur un mécanisme de solidarité inter-entreprises. Les sociétés en meilleure santé financière contribuent davantage, permettant de soutenir les structures les plus fragilisées, qui voient quant à elles leur contribution diminuer à mesure que leur flux de trésorerie décroît.

Ce partage équitable des ressources peut également permettre de réduire la réaction en chaîne qui survient en cas de défaillance. En effet, quand une entreprise devient insolvable, cela a des répercussions directes sur ses fournisseurs, ses prestataires, ses partenaires commerciaux, ses filiales… Cela peut ainsi créer une véritable cascade de faillites à grande échelle, a fortiori dans un contexte économique fragile. En favorisant la solidarité entre entreprises, la SES crée un filet de sécurité qui limite cet « effet domino » et qui réduit les conséquences des défaillances sur l’ensemble du tissu économique.

En outre, ce dispositif de soutien inter-entreprises permet aux sociétés d’être moins dépendantes des aides de l’État en cas de crises économiques. En effet, comme nous l’avons vu, la hausse du nombre de défaillances est en grande partie imputable au rattrapage hérité du soutien massif accordé par l’État aux entreprises pendant la crise du Covid.

Besoin de savoir ce que la loi SES va changer pour vous ?

Faites une simulation de ce que coûtera et rapportera la SES à votre entreprise en fonction de ses encaissements et de ses décaissements.

Besoin de savoir ce que la loi SES va changer pour vous ?

Faites une simulation de ce que coûtera et rapportera la SES à votre entreprise en fonction de ses encaissements et de ses décaissements.

Maintenir l’emploi

L’une des premières mesures adoptées par une entreprise en situation de défaillance est de licencier du personnel afin d’alléger sa masse salariale.

Grâce à la SES, l’entreprise sera plus disposée à préserver ses effectifs. En effet, elle conservera de cette façon le versement de l’allocation emploi tout en voyant sa contribution baisser à mesure que son FTA (flux de trésorerie de l’activité) diminue.

En sécurisant ainsi les emplois, le dispositif SES pourra permettre à l’entreprise d’envisager des solutions de redressement moins drastiques que des licenciements massifs, ce qui facilitera la continuité de l’activité et réduira les risques de défaillances.

Renforcer la résilience des petites structures

Comme mentionné précédemment, la majorité des défaillances concernent des PME et notamment des micro-entreprises, particulièrement vulnérables en période de crise.

Or, avec le principe d’allocation fixe pour chaque emploi, les micro-entrepreneurs se verront garantir une part de leurs revenus chaque mois, quelles que soient les turbulences que connaît leur activité.

Revaloriser les bas salaires et stimuler la consommation

Grâce à la mutualisation d’une partie de la production de la richesse, la SES garantit à chaque salarié une base de revenus minimum et inconditionnelle, indépendamment de son poste, de son métier, de son niveau de diplôme, de son secteur d’activité ou de son parcours professionnel. Ce système permettra de revaloriser les bas salaires et d’augmenter le pouvoir d’achat des travailleurs les plus précaires, ce qui aura pour effet de stimuler la consommation des ménages et d’accroître la demande. Côté entreprises, cela permettra de réduire directement les risques de faillites liés au ralentissement de la consommation.

En définitive, bien qu’elle ne puisse faire office de bouclier indéfectible face à toutes les défaillances d’entreprises (notamment quand le modèle économique de celles-ci est devenu non viable), la SES s’impose toutefois comme un instrument puissant pour atténuer les dépendances des sociétés à l’égard des crises, préserver les emplois et promouvoir une culture de solidarité, d’entraide et de résilience face aux défis économiques.

Soutenez l'association et ses idées

Vous souhaitez donner de l'impact et de la voix au projet de loi SES ? Découvrez comment nous aider, du simple coup de pousse à l'adhésion à l'association.

Soutenez l'association et ses idées

Vous souhaitez donner de l'impact et de la voix au projet de loi SES ? Découvrez comment nous aider, du simple coup de pousse à l'adhésion à l'association.

Photo : Melinda Gimpel https://unsplash.com/fr/photos/requete-en-faillite-9j8k3l9afkc

À propos de l'auteur / autrice

Cet auteur n'a pas encore renseigné sa biographie.

Articles de la même catégorie

Adhérer ADHÉRER
Newsletter NEWSLETTER