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par | 10 septembre 2023

Bore-out : quand l’ennui au travail devient un vrai enjeu pour le chômage de masse

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7 Français sur 10 s’ennuient au travail, selon une récente étude*. Moins connu que le burnout, le bore-out est pourtant une pathologie professionnelle bien réelle et assez répandue. Mais que cache cet anglicisme ? Quel est l’impact de ce trouble sur les salariés et sur les entreprises ? Et en quoi l’ennui au travail représente-t-il un véritable enjeu pour le chômage de masse ? Zoom sur ce mal du siècle. 

“Le projet de loi de Sécurité Économique et Sociale (SES) aura pour effet de multiplier les offres d’emploi : ce seront les salariés qui choisiront leur entreprise. Inversement, les entreprises verront le phénomène de bore-out disparaître face à l’emploi choisi par les salariés.”

Voici comment.

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Qu’est-ce que le bore-out ?

Le bore-out, ou « syndrome d’épuisement professionnel par l’ennui », a été théorisé pour la première fois en 2007, par les consultants suisses Peter Werder et Philippe Rothlin, dans leur ouvrage « Diagnose Bore-out ».

Le bore-out fait partie des maladies professionnelles surnommées les « 3 B» : 

  • Le burn-out, un épuisement qui résulte d’une surcharge de travail et d’un stress excessif et peut aboutir à une dépression ;
  • Le bore-out, qui traduit un ennui profond dans l’activité professionnelle ;
  • Le brown-out, qui se réfère quant à lui à une baisse progressive de la motivation et de l’engagement pouvant aboutir à une perte de sens.

Le bore-out est ainsi la conséquence d’une charge de travail insuffisante et d’un manque de stimulation intellectuelle. Ce trouble professionnel peut concerner tous  types de profils (jeune diplômé, cadre, fonctionnaire…) et tous les secteurs d’activité, aussi bien dans la sphère publique que privée. Les métiers du tertiaire impliquant la réalisation de tâches routinières et peu dynamiques sont toutefois plus exposés aux risques de bore-out. 

En 2022, 71 % des Français estiment avoir un emploi ennuyeux, voire « très ennuyeux » pour 33 % d’entre eux*. Or, le bore-out est souvent mal compris et reste encore très tabou dans le monde de l’entreprise. Il peut en effet être perçu comme un manque d’implication ou une forme de paresse, contrairement au burn-out, qui s’assimile quant à lui à un excès de zèle amenant à une situation d’épuisement.

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Les facteurs à l’origine du bore-out 

L’épuisement professionnel par l’ennui a de multiples causes, parmi lesquelles : 

  • Un manque de défis intellectuels ; 
  • Une sous-charge de travail ; 
  • Des tâches répétitives, sans réelle valeur ajoutée ; 
  • Une sous-utilisation de l’expertise du salarié ; 
  • Une surqualification du salarié ; 
  • Une absence de perspectives d’évolution ; 
  • Une inadéquation entre les compétences et le poste ; 
  • Un manque de responsabilités ; 
  • Un manque de reconnaissance et d’appréciation de la part du manager ; 
  • Une placardisation suite à une dissension avec la hiérarchie, par exemple ; 
  • Et surtout, un emploi qui n’est pas forcément choisi par le travailleur engendrant manque de sens et de motivation 

Les effets du bore-out 

Phénomène insidieux, le bore-out est souvent difficile à déceler car très rarement assumé par les personnes qui en souffrent. Il se manifeste tout d’abord par une sensation de désœuvrement, d’insatisfaction et de lassitude. La motivation, la concentration et la productivité baissent progressivement, tandis que l’anxiété augmente.

Face au manque de travail, le salarié peut rapidement se sentir inutile et perdre de vue l’intérêt et le sens de son activité. 

Cela génère parfois une baisse de l’estime de soi, une perte de confiance en ses capacités, un épuisement psychique et un état dépressif. 

Il n’est pas rare que la personne développe même un syndrome de l’imposteur et qu’elle ressente le besoin de dissimuler son inactivité en feignant être très occupée. En effet, plutôt que d’exprimer leur mal-être à leur hiérarchie, 91 % des salariés en bore-out cachent leur ennui et 69 % font même semblant d’avoir un travail passionnant. Près de la moitié d’entre eux (49 %) seraient d’ailleurs prêts à accepter un salaire plus faible pour un emploi moins ennuyeux.

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Le bore-out : quel enjeu pour le chômage de masse ?

Au-delà de son impact sur la santé des travailleurs, cette pathologie professionnelle peut, dans une certaine mesure, jouer un rôle dans le développement du chômage de masse. 

Un retour à l’emploi difficile 

Dans les cas de bore-out les plus sérieux, la démission s’impose parfois comme l’unique issue pour le salarié. Or, s’il n’est pas traité, ce trouble peut occasionner de sérieuses séquelles psychiques. L’individu risque de remettre en question ses aptitudes, sa valeur,  son choix de carrière, voire son rôle dans la société… jusqu’à développer un total désintérêt pour son métier. Cette perte de sens et cette confusion identitaire peuvent donc prolonger la période de chômage et fortement compliquer le retour à l’emploi.  

Une baisse de la productivité

Naturellement, un salarié en bore-out sera peu impliqué et moins productif. Il aura tendance à travailler moins efficacement, à procrastiner, à prendre des pauses plus souvent, à partir plus tôt… Si ce phénomène persiste et se développe, il risque d’affecter les performances globales de l’entreprise. À terme, cela peut mettre à mal sa compétitivité, sa pérennité et sa capacité à préserver les emplois.

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Une dégradation du climat social

Par ailleurs, le désengagement de certains salariés en bore-out peut rapidement altérer le climat social, la cohésion d’équipe et le moral de tous. Il s’agit également d’une importante source de stress, de tensions et de conflits. In fine, cela peut impacter la motivation et l’engagement de l’ensemble des collaborateurs, générer des démissions et des licenciements. 

Des coûts pour l’entreprise

L’ennui au travail induit également des risques et coûts considérables pour l’entreprise. Ces derniers sont non seulement liés au manque d’efficacité opérationnelle, mais aussi à la hausse du taux d’absentéisme, du turn-over, des remplacements temporaires… 

Pour rationaliser les coûts générés par le bore-out, l’entreprise peut éventuellement se voir contrainte de supprimer des postes. À grande échelle, cela peut donc directement impacter le taux de chômage

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Comment réagir face au bore-out ? 

Face à de tels enjeux, il est essentiel de prévenir les risques de bore-out. Pour ce faire, les employeurs peuvent :

  • Identifier les personnes, les postes et les métiers à risque ;
  • Cibler les causes réelles du bore-out (délégation insuffisante, surqualification, management bancal…) ; 
  • Sensibiliser les managers et les équipes RH aux effets et aux enjeux de l’épuisement professionnel par l’ennui ; 
  • Instaurer un environnement de travail stimulant et engageant ; 
  • Responsabiliser ses salariés et encourager l’autonomie, la prise d’initiatives et la cohésion d’équipe ;
  • Adopter un style de management participatif et bannir le micro-management ;  
  • Favoriser une communication ouverte et bienveillante, qui permet aux collaborateurs d’exprimer leur mal-être en toute confiance, sans crainte d’être jugés ;
  • À l’occasion d’entretiens individuels, questionner l’employé sur ses besoins et sur son niveau de satisfaction concernant sa charge de travail ; 
  • … 

En cas de bore-out avéré, le responsable hiérarchique pourra réévaluer les missions du collaborateur et la description de son poste (promotion, assignation de tâches plus stimulantes, de projets plus valorisants…).

La mobilité interne pourra également être envisagée pour permettre au salarié de s’épanouir à un nouveau poste, aligné à son savoir-faire.

Accompagner la montée en compétences de ses équipes à travers la formation continue est également un puissant levier pour limiter les risques de bore-out. 28 % des salariés sont d’ailleurs convaincus qu’il est possible de remédier à l’ennui au travail grâce à des formations régulières, selon un sondage réalisé OpinionWay pour la plateforme de management de la performance et des talents Elevo, en 2021.

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La Sécurité économique et sociale : une solution face au bore-out ? 

“ Une raison principale de la réalité du bore-out est l’impossibilité pour les individus de pouvoir réellement choisir leur emploi. “

La Sécurité économique et sociale propose de verser à toute entreprise une allocation fixe unique par emploi en équivalent temps plein, laquelle est financée par une contribution des entreprises basée sur un pourcentage de leur richesse produite. En clair, les entreprises échangeraient une fraction de ce qu’elles s’apprêtent à produire, dont la recette est par nature incertaine, contre la garantie d’une allocation qui couvrirait une partie du coût salarial.

Ceci aura pour effet de multiplier les offres d’emploi au point où désormais, ce seront les salariés qui choisiront leur entreprises. Dans le sens inverse, les entreprises verront le phénomène de bore-out non exprimé et insidieux disparaître du fait de ce choix accru dont bénéficieront les salariés.

Des avantages sur la formation, la qualité des emplois et le recrutement

Les entreprises devront alors rivaliser pour créer des emplois plus stimulants et pour améliorer la qualité de vie au travail (QVT). Elles disposeront de nouvelles ressources pour investir dans la formation et dans le développement des compétences, ce qui contribuera à réduire les risques de bore-out.

Ce système permettra ainsi d’augmenter et de diversifier les emplois, mais aussi de questionner et remettre en cause les postes difficiles et mal rémunérés. De cette façon, chaque individu pourra choisir un emploi en fonction de ses aspirations réelles, des conditions de travail et du salaire proposés. 

La Sécurité économique et sociale encouragera également les entreprises à recruter davantage. Les demandeurs d’emploi pourront ainsi bénéficier d’un plus vaste choix de postes. La mobilité inter et intra-entreprises s’en verra aussi simplifiée. 

Grâce à cette allocation-emploi,les métiers actuellement les moins rémunérateurs seront mieux payés et les salariés souffrant de bore-out pourront plus sereinement envisager une reconversion professionnelle. 

En outre, la Sécurité économique et sociale a vocation à démocratiser l’entrepreneuriat, en permettant aux porteurs de projet de disposer de fonds lors du lancement de leur entreprise. L’individu n’étant plus épanoui dans le salariat pourra alors prendre la voie de l’entrepreneuriat et créer un projet passionnant, porteur de sens, en phase avec ses valeurs.


*Source : enquête réalisée en février 2022 par l’agence d’intérim Qapa, auprès de 4,5 millions de candidats sur le sujet de l’ennui au travail.   non. Proin feugiat est dignissim laoreet efficitur. Sed tempor ligula ac elit ultricies vulputate.

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