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par | 6 mai 2024

Désmicardiser la France

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Désmicardiser : le mot a été lancé par Gabriel Attal lors de son discours du 30 janvier 2024 à l’Assemblée nationale. De fait, aujourd’hui, 17 % des salariés sont payés au smic contre 12 % il y a trois ans. La faute à l’inflation de ces dernières années sur laquelle le salaire minimum est indexé alors qu’il n’existe aucun mécanisme de réévaluation automatique des autres salaires. Les salaires supérieurs au Smic n’ont donc pas forcément été augmentés, ce qui a provoqué un effet balai qui fait qu’aujourd’hui de plus en plus de salariés sont payés au seul Smic.

Un rapport à venir sur la désmicardisation

Mandatés par le gouvernement, les économistes Antoine Bozio et Etienne Wasmer montrent que pour augmenter de 100 euros le pouvoir d’achat d’un salarié payé au Smic, une entreprise doit aujourd’hui payer plus de 400 euros alors que cela coûte moins de 200 euros si le salarié est payé au-delà de 160 % du salaire minimum :

Cet état de fait s’explique en grande partie par la politique d’exonérations de cotisations sociales concentrées sur les bas salaires : le taux de cotisation patronale serait de 6,9 % au niveau du Smic alors qu’il est de 48 % à partir de 3,5 Smic. Les employeurs sont clairement dissuadés d’augmenter les bas salaires.

Les exonérations de cotisations sociales : un coût non négligeable pour les finances publiques

Ces exonérations de cotisations sociales représentent un coût non négligeable sur les finances publiques (88 milliards d’euros). Il serait donc logique de les remettre progressivement en cause. Cependant, une hausse des cotisations patronales sur les bas salaires revient de facto à une augmentation du coût total du Smic et nombre d’entreprises ne seraient alors plus capables de suivre celle-ci, ce qui pourrait relancer le chômage.

Rendre les cotisations plus proportionnelles pour contrer l’effet trappe à bas salaires

Le principe de la Sécurité économique et sociale consiste à mettre hors marché une partie de la production privée pour la redistribuer à parts égales en fonction du nombre de travailleurs dans chaque entreprise. Elle passe par la garantie d’une allocation fixe mensuelle par travailleur financée par une contribution uniforme de chaque entreprise sur les flux de trésorerie qu’elle dégage de son activité.

Si cette allocation compensait la hausse des cotisations au niveau du Smic, la solvabilité d’activités à faible valeur ajoutée pourrait alors être maintenue. De même, un taux de cotisation plus uniforme et proportionnel permettrait aux entreprises d’augmenter plus facilement les bas salaires et d’inverser la tendance à la concentration des salaires au niveau du Smic.

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Photo de Karolina Grabowska: https://www.pexels.com/fr-fr/photo/femme-bureau-etre-assis-argent-5900164/

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