Dans le contexte de majorités relatives au parlement, le débat sur le Smic à 1600 euros risque d’être intéressant et d’ouvrir la voie à des solutions innovantes.
La question des pertes d’emplois induites
Les économistes sont très divisés sur la question du SMIC à 1600€. L’institut Montaigne, un think tank libéral, estime que cette augmentation induira une perte de 300 000 emplois.
Eric Heyer, économiste à l’OFCE, est plus nuancé. S’il confirme la perte de 322 000 emplois, chiffre proche de celui de l’institut Montaigne, il met aussi en avant le fait que les hausses de salaires vont apporter une consommation additionnelle générant la création de 142 000 postes, sans parler du fait que les allégements de cotisations sociales sur des salaires devenus proches du Smic pourraient créer 151 000 emplois supplémentaires. Cela ferait une perte de 29 000 emplois en lieu et place des 300 000 emplois anticipés par l’institut Montaigne.
Si les allégements de cotisations sociales vont induire la création de 151 000 emplois, cela reste un sujet d’inquiétude pour Luc Mathieu, secrétaire national de la CFDT, qui pointe de façon très pertinente le risque induit sur le financement de la Sécurité sociale et l’équilibre des caisses de retraite.
Le débat sur le niveau du Smic doit rester exclusivement guidé par les nécessités sociales
Il est donc difficile, en l’état actuel des choses, de prédire les effets d’une hausse du SMIC sur les entreprises et l’emploi. Si l’augmentation du SMIC à 1600 euros nets est jugée socialement nécessaire, il est navrant de constater que ce débat est aujourd’hui télescopé par cette question économique majeure qui est de savoir si cette augmentation du SMIC ne va pas provoquer du chômage.
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N’y aurait-il pas une solution qui permettrait que le débat autour du niveau du Smic reste purement social : en dessous de quel niveau estime-t-on indécent qu’une entreprise paye une personne ?
Une proposition intéressante de Mathilde Panot
Sur France Info, Mathilde Panot, députée de la France insoumise, propose une caisse de péréquation pour que « les grandes entreprises aident les petites entreprises », sous-entendant ainsi que les grandes entreprises réalisent en général plus de valeur ajoutée que les petites, ce que les statistiques confirment.
Sa proposition vise à répondre très concrètement à l’objection que beaucoup d’économistes et chefs d’entreprise font : que se passe-t-il si une entreprise n’est pas économiquement capable de payer le Smic à 1600 euros nets ?
La Sécurité économique et sociale pourrait être cette caisse de péréquation
Cela va dans le sens de la proposition de Sécurité économique et sociale que promeut l’ALSES. Elle garantit pour chaque emploi une allocation mensuelle fixe, laquelle est payée par l’ensemble des entreprises sur la base d’une contribution uniforme sur les flux de trésorerie que génère chaque entreprise.
En cas de hausse du Smic, il sera donc possible de mettre en place ce dispositif avec une petite allocation pour compenser les effets de la hausse du SMIC pour les entreprises à faible valeur ajoutée. D’une façon plus générale, elle permettra de placer le Smic au niveau où on le juge socialement nécessaire.
Comme les cotisations patronales sont une partie intégrante du salaire, il sera aussi possible d’augmenter les cotisations sociales au niveau du Smic afin de maintenir l’équilibre des comptes de la Sécurité sociale.
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Photo de Karolina Kaboompics: https://www.pexels.com/fr-fr/photo/paysage-nature-homme-vacances-4495803/